Dangers des avortements non sécurisés

L’avortement est une intervention médicale essentielle qui peut être réalisée par voie médicamenteuse ou chirurgicale. Un avortement médicamenteux, c’est-à-dire un avortement qui utilise des médicaments, peut être réalisé en toute sécurité à domicile par la personne enceinte. Il ne nécessite pas nécessairement l’accès à un établissement de santé et implique uniquement l’administration de médicaments de haute qualité.

Lorsqu’il est pratiqué selon les méthodes recommandées par l’OMS (par exemple, un avortement médical ou chirurgical), l’avortement est extrêmement sécurisé et efficace. Toutefois, les chercheurs estiment que jusqu’à 45 % de tous les avortements pratiqués sont considérés comme non sécurisés. Les avortements non sécurisés sont des avortements effectués dans des conditions dangereuses. Il peut s’agir d’avortements pratiqués par des méthodes invasives ou par un personnel non formé [1]. L’utilisation de substances orales et injectables, de corps étrangers intra-utérins, de préparations vaginales et de traumatismes abdominaux sont des exemples de méthodes dangereuses. [2].

Cet article aborde les raisons pour lesquelles les avortements non sécurisés se produisent, les dangers de ces avortements et les avantages des pratiques d’avortement sécurisées.

Pourquoi les avortements non sécurisés se produisent-ils ?

Les avortements non sécurisés se produisent le plus souvent dans les pays en développement, où ils représentent 97 % de l’ensemble des avortements non sécurisés. La moitié de ces avortements ont lieu en Asie. En Afrique et en Amérique latine, on estime que 75 % des avortements sont considérés comme non sécurisés.

Il existe plusieurs raisons pour lesquelles les femmes peuvent avoir recours à un avortement non sécurisé. Il s’agit notamment de :

  1. L’accès limité ou inexistant à des soins d’avortement sécurisés, opportuns et abordables.
  2. La stigmatisation de l’avortement due aux environnements religieux, politiques et sociaux.
  3. Une réglementation stricte en matière d’avortement [1]

Les dangers de l’avortement non sécurisé

Il existe une multitude de facteurs et de circonstances qui font qu’un avortement est considéré comme dangereux, et les conséquences de l’avortement non sécurisé sont significatives. Les avortements non sécurisés représentent l’une des principales causes de mortalité maternelle, et certains risques persistent même après l’avortement. Les complications des avortements non sécurisés sont les suivantes :

  • L’infertilité
  • Une altération de la cicatrisation des plaies
  • Lésion d’un organe interne
  • Une blessure de l’intestin
  • Des troubles de la santé mentale
  • Avortement incomplet [1,3,4,5,6]

Outre les effets sur les femmes, les avortements non sécurisés représentent également une charge financière importante pour les systèmes de santé des pays en développement. Selon une estimation de 2006, les traitements liés aux complications coûtent 553 millions de dollars par an aux pays en développement. On estime que l’invalidité due aux avortements non sécurisés coûte aux ménages 922 millions en raison de la perte de revenus due aux complications [3].

Qu’est-ce qu’un avortement sécurisé ?

Un avortement sécurisé implique de recevoir un médicament abortif approprié ou de bénéficier d’une procédure médicale adéquate par un personnel agréé. Par exemple, les pilules abortives comportent deux médicaments, connus sous le nom de mifépristone et de misoprostol, qui peuvent mettre fin à une grossesse de manière sécurisée et efficace. La mifepristone agit en bloquant la progestérone, une hormone importante pour le maintien d’une grossesse. Le misoprostol aide l’utérus à évacuer le contenu de la grossesse, de la même manière qu’une fausse couche. Pour cette raison, le misoprostol est également utilisé pour traiter les saignements post-partum et les fausses couches.

Contrairement aux avortements non sécurisés, l’avortement par mifépristone et misoprostol est efficace à 95 % pour mettre fin à la grossesse. En termes de sécurité, les pilules abortives sont extrêmement sécurisées, avec moins de 1 % de risque de complication. Ces complications sont facilement gérables dans un cadre clinique. Les effets indésirables sont minimes, la plupart des femmes ne ressentant que des crampes et des saignements.

De plus, le risque de décès dû à un avortement sécurisé est proche de zéro. En fait, le fait de mener une grossesse à terme ou de recevoir une injection de pénicilline présente un risque de décès plus élevé qu’un avortement sécurisé. L’avortement médicamenteux est plus de 13 fois plus sécurisé que l’accouchement aux États-Unis. Il ne comporte pas non plus les mêmes risques que l’avortement non sécurisé, comme les problèmes de santé mentale, la stérilité ou les complications d’une future grossesse.

Des preuves supplémentaires suggèrent que ces médicaments sont également efficaces sans la supervision d’un clinicien et sont associés à peu de complications. La prise des pilules abortives est si sûre que la plupart des femmes peuvent les prendre chez elles sans avoir besoin de consulter un prestataire. Les femmes peuvent choisir l’avortement médicamenteux en raison de son faible coût, de son caractère privé et de sa capacité à être auto-administré [6,7].

Ce qui peut être fait

Mettre fin aux avortements non sécurisés commence par l’augmentation de la qualité des soins liés à l’avortement. Limiter l’accès à des avortements sécurisés ne diminue pas le nombre d’avortements, mais augmente au contraire la probabilité qu’un avortement soit dangereux, non sécurisé. En outre, l’accès à l’avortement doit être abordable. Aux États-Unis, 75 % des patientes qui avortent sont pauvres ou ont de faibles revenus.

Les médicaments abortifs de haute qualité tels que la mifepristone et le misoprostol constituent une solution essentielle pour élargir l’accès à des soins d’avortement sécurisés et efficaces. Ces médicaments ont fait l’objet d’études approfondies et sont donc appropriés pour les avortements autogérés qui peuvent être pratiqués à domicile.

[1] “Abortion.” WHO, www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/abortion. Accessed November 2022.
[2] Gebremedhin, M., Semahegn, A., Usmael, T., & Tesfaye, G. “Unsafe abortion and associated factors among reproductive aged women in Sub-Saharan Africa: A protocol for a systematic review and meta-analysis.” Systematic Reviews, 7, 130, 2018, https://doi.org/10.1186/s13643-018-0775-9. Accessed December 2022.
[3] Haddad, L. B., & Nour, N. M. “Unsafe abortion: Unnecessary maternal mortality.” Reviews in Obstetrics and Gynecology, 2(2), 122–126, 2009. Accessed December 2022.
[4] Saultes, T. A., Devita, D., & Heiner, J. D. “The back alley revisited: Sepsis after attempted self-induced abortion.” Western Journal of Emergency Medicine, 10(4), 278–280, 2009. Accessed December 2022.
[5] Singh, S. “Global consequences of unsafe abortion.” Women’s Health, 6(6), 849–860, 2010, https://doi.org/10.2217/WHE.10.70. Accessed December 2022.
[6] “Safe abortion.” Doctors Without Borders, www.doctorswithoutborders.org/what-we-do/medical-issues/safe-abortion. Accessed December 2022.
[7] Harris, L. H., & Grossman, D. “Complications of unsafe and self-managed abortion.” The New England Journal of Medicine, 382(11), 1029–1040, 2020, https://doi.org/10.1056/NEJMra1908412. Accessed December 2022.