Accès à l’avortement sécurisé pour les survivantes de violences

Accès à un avortement sécurisé pour les survivantes

Le 25 novembre marque le premier jour des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre. À l’échelle mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’une femme sur trois a été victime de violence physique et/ou sexuelle entre partenaires intimes ou de violences sexuelles non conjugales au cours de sa vie (1).

Dans l’ensemble du continent américain, selon les rapports de police, 185 000 femmes et filles sont victimes d’agressions sexuelles chaque année, et pourtant, on estime que ce chiffre ne représente que 11 % des 1 680 000 incidents de viols réels. Selon les pays, le nombre de victimes et de survivantes de violences physiques et/ou sexuelles commises par un partenaire varie d’une femme sur cinq à plus de la moitié de l’ensemble des femmes. En Amérique, une femme sur dix sera victime de violence sexuelle de la part d’une qui n’est pas son partenaire au cours de sa vie (2).

Les violences basées sur le genre (VBG) reste l’un des plus grands problèmes qui a été soulevé, débattu et disséqué maintes fois depuis des décennies, cependant, elles demeurent une menace pour les femmes, les filles et les groupes marginalisés partout dans le monde.

VBG et choix reproductifs

Outre les traumatismes physiques et émotionnels qu’elles subissent après des cas de violence basée sur le genre, les survivantes se voient également privées de leurs choix en matière de reproduction. Des études ont montré qu’elles sont plus susceptibles d’utiliser des méthodes de contraception en cachette, d’en être empêchées par leurs agresseurs ou d’avoir un partenaire qui refuse d’utiliser un préservatif. Il en résulte des grossesses non désirées, qui sont plus fréquentes chez les personnes qui ont déclaré avoir subi des violences de la part de leur partenaire que chez celles qui n’en ont pas déclaré. En raison des circonstances et des abus, ces victimes ont un taux plus élevé d’avortements à risque et sont plus susceptibles de tomber enceintes à l’adolescence.

Malgré cela, selon un rapport de 2015 du Centre des droits reproductifs, seuls huit pays en Amérique latine autorisent les femmes à avoir accès à un avortement sécurisé en cas de viol. En limitant ou en supprimant totalement l’accès à un avortement sécurisé, en particulier en cas d’agression sexuelle, les survivantes et les victimes sont confrontées à davantage d’obstacles lorsqu’elles doivent prendre des décisions concernant leur propre corps, décider de leur avenir et rompre le cycle des abus.

Selon le centre national de justice pour les immigrés, les obstacles à l’avortement entraînent une augmentation de la pauvreté, de la violence et de la surveillance de la vie privée des femmes. Ces conséquences ont un impact disproportionné sur les personnes de couleur, les jeunes, les victimes de violence liée au sexe, les personnes de la communauté LGBTIQ+ et les personnes qui n’ont pas accès aux soins de santé reproductive (3).

La loi

Malgré ces données poignantes, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont des lois et des politiques de santé reproductive parmi les plus restrictives par rapport aux autres régions. De ce fait, l’Amérique latine et les Caraïbes présentent le taux d’avortement à risque le plus élevé au monde, en dehors de l’Afrique de l’Est. En 2008, 95 % de tous les avortements étaient à risque.

Non seulement les restrictions imposées aux choix des femmes en matière de santé reproductive et d’accès à l’avortement portent préjudice aux survivantes et aux victimes, mais elles perpétuent également le cycle de la violence en rendant difficile pour elles de quitter leurs agresseurs.

Que pouvons-nous faire ?

Les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG) ne durent que 16 jours par an, mais la lutte contre la VBG et les violences sexuelles devrait être au premier plan. Chaque minute, de nombreuses filles, femmes et personnes marginalisées subissent des violences qui peuvent modifier le cours de leur vie.

Un système de soutien doit être mis en place pour les survivantes et les victimes, y compris l’accès aux soins de santé reproductive et à l’avortement sécurisé, afin qu’elles puissent briser le cycle de la violence.

1) “Violence Against Women.” WHO, 2021, www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/violence-against-women#:~:text=Estimates%20published%20by%20WHO%20indicate,sexual%20violence%20in%20their%20lifetime. Accessed October 2022.
2) “Violence Against Women and Reproductive Rights in the Americas.” Center for Reproductive Rights, 2015, www.reproductiverights.org/sites/crr.civicactions.net/files/documents/(EN)%20Advocacy%20Doc%20for%20OAS%20Convening.pdf. Accessed October 2022.fr
3) “Statement by the Gender-Based Violence Implementation Task Force on the Overturning of Roe v. Wade.” National Immigrant Justice Center, June 25, 2022, immigrantjustice.org/press-releases/statement-gender-based-violence-implementation-task-force-overturning-roe-v-wade. Accessed October 2022.