J’aimerais pouvoir dire à ma fille que 2017 fut notre dernière campagne pour les droits à l’avortement

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Ma fille,

Comme il est de mon devoir de mémoire de célébrer les femmes fortes qui se sont battues pour tes droits pendant les périodes difficiles, je devais te raconter l’histoire de 2017.

En 2017, 35% des femmes dans le monde subissaient des violences physiques ou sexuelles à un moment de leur vie. Certaines études nationales montraient même que ce pourcentage pouvait atteindre jusqu’à 70% en cas de violence de la part d’un partenaire intime. La violence était partout. En plus d’être déjà désavantagées dès la naissance à cause de beaucoup d’inégalités sociales, les femmes et les filles étaient constamment exposées au risque d’être victimes de violence. Imagine avoir peur d’aller chez le médecin ou à la police parce qu’une figure masculine menaçante pouvait te blesser à un moment où tu avais besoin d’aide.

Toutes ces menaces étaient exacerbées autour du sujet de l’avortement. En 2017, l’avortement était encore un sujet très controversé partout dans le monde car la normalité d’un tel acte médical et de ce choix autonome n’était pas encore acceptée. En réalité, tout le monde n’avait pas encore accepté que les femmes étaient les seules décisionnaires de leur corps. Aujourd’hui ça semble être une idée incroyable, n’est-ce pas?

Partout dans le monde, les barrières illégales ou légales empêchant les femmes d’accéder à ces services médicaux, étaient loin d’être les seuls défis. Je ne pourrais même pas te dire combien de meurtres, d’enlèvements, de coups et blessures, et de toutes sortes d’intimidations les femmes qui a peine évoquaient le mot « avortement » ont du subir. Mais la violence n’était pas seulement physique. C’était parfois plus subtil, se caractérisant sous des formes de jugements, de harcèlement, de stigmatisation et de rejet, laissant également de profondes souffrances psychologiques dans nos âmes.

Tout le monde était une menace potentielle en matière de santé reproductive. De leurs partenaires masculins, aux gynécologues et même aux gouvernements qui étaient censés les protéger. Ce n’était pas facile de trouver des sympathisants de l’avortement. C’est pourquoi, de nombreuses organisations internationales ont décidé d’unir leurs forces et de lancer une campagne collective lors des 16 Jours d’Activisme de 2017. Tu ne connais pas cette campagne car elle n’a plus lieu d’être aujourd’hui. Elle durait toujours deux semaines, à partir du 25 novembre, aussi appelée Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes jusqu’au 10 décembre, Journée des droits de l’homme, et elle encourageait les gens à participer à différentes actions contre les violences sexistes.

C’était essentiel de faire partie de cette campagne et de ce mouvement global pour les droits des femmes et l’autonomie de leurs corps. J’aurais aimé que tu vois nos combats et nos victoires, mais je suis tellement soulagée que tu vives dans un monde qui respecte les décisions des femmes.

La campagne de 2017 visait à identifier chaque personne dans l’entourage d’une femme et à leur donner des conseils personnalisés sur la façon d’être un bon soutien pour une femme qui décidait d’avoir un avortement. Cela ne signifiait pas nécessairement changer leurs points de vue sur le sujet, pas encore du moins, mais il s’agissait de développer leur empathie, afin qu’elles apprennent à respecter la décision de toutes les femmes sur leur corps sans leur faire subir quelque formes de violence.

Cette campagne internationale a été une étape importante dans la lutte mondiale contre les violences sexistes. Plus de 20 organisations se sont réunis pour transmettre un message de compassion et de bienveillance au monde qui cela a finalement mis totalement fin aux violences faites aux femmes. Et je suis tellement fière d’en avoir fait partie avec: Centre for Social Concern and Development (CESOCODE), Dandelion Kenya, Fem_RSA, Fortress of Hope Africa (FOHA), Global Doctors for Choice, HowToUse, Ibis Reproductive Health, Ipas Alliance Africa, Kisumu Medical and Education Trust (KMET), Marie Stopes Kenya, Medical Students for Choice, Réseau d’Action et d’Information pour les Femmes (RAIF), safe2choose, Safe Abortion Action Fund, Save Ghana, The Federation for Women and Family Planning, Trust for Indigenous Culture and Health (TICAH), Women’s Global Network for Reproductive Rights Africa (WGNRR), Women on Waves, et Women on Web.

Je voulais que tu comprennes tout le chemin que nous avons traversé et que tu n’oublies jamais à quel point tu es chanceuse que de si grandes femmes et hommes aient défendu tes droits et combattu les sociétés misogynes et patriarcales dans lesquelles nous vivions.

Ta Maman

Par Pauline Diaz