Peut-on avorter plus d’une fois sans danger?

Les avortements sont entourés de mythes, et il peut être difficile de connaître la vérité. Par exemple, est-il sans danger d’avorter plus d’une fois ?

L’un des mythes relatifs à l’avortement est que plus une personne a d’avortement, plus la procédure devient dangereuse et moins cette personne a de chances de tomber enceinte. En d’autres termes, l’avortement endommage le corps d’une manière qui rend les autres avortements ou grossesses dangereux ou impossibles.

L’origine de ce mythe n’est pas claire, mais il est essentiel que les personnes qui envisagent d’avoir plusieurs avortements sachent la vérité sur ces procédures et leur degré de sécurité.

Plus d’un avortement

Au Royaume-Uni, environ une personne sur trois ayant un utérus aura un avortement, et un autre tiers d’entre elles en aura plus d’un. Aux États-Unis, environ 50 % des personnes souhaitant avorter l’ont déjà fait.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles une personne peut avoir recours à plus d’un avortement, notamment l’échec ou le manque d’accès à d’autres formes de contraception, les événements perturbateurs de la vie qui affectent l’utilisation d’autres formes de contraception, le manque d’éducation sexuelle complète ou encore la violence sexuelle.

De même, une personne peut penser qu’elle est prête pour une grossesse et changer d’avis ; le sexe, comme la vie, est compliqué et à multiples facettes et il n’est pas toujours possible d’être préparé. Les avortements constituent une alternative sûre à la grossesse pour les personnes qui en ont besoin.

Les prestataires de soins de santé sont convaincus que les personnes qui ont un avortement dans un environnement sûr ne présentent généralement pas de complications futures en matière de fertilité, de soins prénataux ou d’autres complications médicales. La fertilité revient environ 8 jours après un avortement, quel que soit le nombre d’avortements que vous avez subis. Chaque avortement peut être considéré séparément en ce qui concerne le risque qu’il peut avoir sur les grossesses futures. Les personnes qui souhaitent avoir recours à des avortements multiples peuvent être rassurées : la procédure est sans risques la première fois, comme pour toutes les autres.

Il y a toujours un risque à subir une intervention médicale, y compris un avortement chirurgical, mais les avortements ne présentent pas un risque plus élevé que toute autre intervention. Au Royaume-Uni et, à l’heure où nous écrivons ces lignes, aux États-Unis, il n’existe aucune limite légale au nombre d’avortements qu’une personne est autorisée à avoir. S’il existait un risque médical important, ce ne serait pas le cas.

Avortement ou naissance involontaire

Dans la majorité des cas, les naissances involontaires sont plus dangereuses que le fait d’avoir plus d’un avortement. Si les effets émotionnels, psychologiques et physiques potentiels des avortements ne doivent pas être négligés, ils sont au moins équivalents à ceux d’une naissance non planifiée.

La grossesse et l’accouchement ont un effet physique considérable sur le corps humain, laissant certaines personnes avec des dommages à long terme ou irréparables. En fait, le nombre de personnes qui meurent pendant l’accouchement est beaucoup plus élevé que le nombre de personnes qui meurent à la suite d’une procédure d’avortement légale.

Une étude a révélé que le taux de mortalité parmi les personnes ayant continuer leur grossesse était de 8,8 pour 100 000, contre 0,6 pour 100 000 pour les avortements provoqués. De même, les effets secondaires médicaux associés à la grossesse, notamment les infections urinaires et les problèmes de santé mentale, sont plus susceptibles d’être ressentis par les personnes qui choisissent de continuer leur grossesse que par celles qui decident d’avoir un avortement.

S’occuper d’un enfant met à rude épreuve les ressources émotionnelles et mentales, en particulier pour les personnes issues de familles à faibles revenus ou celles qui n’ont personne pour les aider à élever un enfant.

Les enfants issus de naissances non planifiées sont plus susceptibles d’entrer dans un système de soins, de connaître la pauvreté et de souffrir de problèmes de santé mentale tels que la dépression ou l’anxiété. Les parents de ces enfants sont également plus susceptibles de ressentir un sentiment d’échec et de souffrir de stress émotionnel.

Stigmatisation de l’avortement à plusieurs reprises

Les avortements font l’objet de nombreux préjugés, notamment à l’égard des personnes qui ont eu recourt à plusieurs. Il existe un malentendu selon lequel la majorité des personnes ayant eu plus d’un avortement utilisent cette procédure comme principale forme de contrôle des naissances.

En fait, les données montrent que, qu’il s’agisse de leur premier avortement ou non, les personnes qui y ont recours sont conscientes des autres options qui s’offrent à elles et des risques psychophysiques associés à l’avortement. Même si une personne choisit d’utiliser l’avortement comme seule source de contrôle des naissances, il existe un large éventail de raisons sociales pour expliquer ce choix.

La stigmatisation de l’avortement, quelle qu’elle soit, renforce le silence autour de la contraception et place les personnes ayant un utérus dans des situations difficiles ou dangereuses. Bien que, statistiquement, il soit assez courant de subir plus d’un avortement, les personnes qui font ce choix sont moins enclines à parler de leur expérience par crainte de l’ostracisme. Les avortements sont des procédures de soins de santé, et il est injuste que les gens soient contraints de garder le silence sur leurs décisions personnelles en matière de santé.

Pour contribuer à déstigmatiser le fait de subir plus d’un avortement, nous pouvons changer notre langage. Le site web 2PlusAbortions fournit de nombreuses ressources sur la manière de le faire. Parler d’avortement au pluriel permet non seulement de normaliser l’expérience des gens, mais aussi de mettre en lumière d’autres vérités sur l’avortement ; les avortements ne sont pas des expériences singulières, mais des procédures qui se déroulent parmi des millions d’autres, de différentes manières, pour de nombreuses personnes différentes. De même, le fait d’éviter l’expression “avortement répété” nous aide à changer notre façon de penser à propos des personnes qui pourraient demander plus d’un avortement.

L’expression “avortement répété” implique que la personne qui demande un avortement n’a pas appris à éviter la situation ou qu’elle est incapable de “briser le cycle des avortements”, ce qui est injuste et faux. Enfin, le fait d’éviter l’expression “avortements multiples” permet de rompre le binaire entre les “bonnes personnes” qui ont recours à un seul avortement et les “mauvaises personnes” qui en ont plusieurs.

Aller de l’avant

Avoir plus d’un avortement est une expérience plus courante qu’on ne le croit. Ce n’est qu’en créant une culture dans laquelle nous pouvons parler ouvertement et honnêtement de l’avortement que la stigmatisation commencera à disparaître.