Par Olivia Hooper
Les femmes du monde entier font face à des critiques pour chaque aspect de leur être, de leur corps à leur personnalité, et malheureusement, leur choix d’avorter ne fait pas exception. Les manifestations anti-avortement menacent davantage le droit des personnes à l’autonomie corporelle et contrôlent injustement leurs décisions.
Que signifie anti-avortement ?
Les personnes qui sont anti-avortement estiment qu’il est juste de donner la priorité à la vie d’un fœtus plutôt qu’à la santé mentale et physique d’un adulte, ainsi qu’à toutes autres circonstances. Ces convictions sont généralement liées à la religion. Les mouvements anti-avortement tentent constamment de répandre des idées fausses sur les pratiques d’avortement ou de discréditer la pilule abortive scientifiquement approuvée.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) déclare : « L’avortement est une intervention de santé courante. Il est très sûr lorsqu’il est pratiqué selon une méthode recommandée par l’OMS, adaptée à la durée de la grossesse, et par une personne ayant les compétences nécessaires. De même, en début de grossesse, l’avortement médicamenteux peut également être autogéré en toute sécurité.»
Les mouvements dits « pro-vie » recourent souvent à des moyens évasifs pour tenter de persuader les gens de ne pas aller jusqu’au bout de la procédure et cherchent à faire honte aux personnes qui envisagent d’avorter. Pourtant, il ne devrait y avoir aucune honte à avorter, et personne ne devrait se sentir diminué pour avoir agi et pris le contrôle de ce qui est bon pour elle et son corps.
La stigmatisation sociale, la discrimination intersectionnelle et la marginalisation sont quelques-uns des innombrables obstacles auxquels sont confrontées les personnes qui souhaitent avorter. Les mouvements anti-avortement ajoutent aux obstacles qui rendent de plus en plus difficile l’accès aux cliniques professionnelles, au soutien et aux soins. Women Deliver, une organisation de soutien, a écrit : « Plus de 22 000 femmes meurent chaque année de complications liées à des avortements pratiqués dans des conditions dangereuses dans les pays en développement.»
Les mouvements anti-avortement menacent le droit des personnes à prendre des décisions pour contrôler leur fertilité et à exercer leur autonomie reproductive. Et ces mouvements existent depuis des décennies. Une législation régressive et des positions politiques d’extrême droite entraînent généralement un pic dans l’activisme anti-avortement extrême, et l’impact de ces mouvements est évident à l’échelle mondiale.
Ciblage des cliniques d’avortement
Les cliniques d’avortement et de planning familial sont constamment la cible de manifestants « pro-vie ». Ils se tiennent généralement devant l’entrée et harcèlent les personnes cherchant à avorter.
Selon le média DW, l’Allemagne a pris des mesures pour réprimer les mouvements anti-avortement. Le parti Vert du pays a annoncé un projet de loi au début de l’année 2024 pour empêcher les manifestants « pro-vie » d’approcher ou de harceler les visiteurs dans un rayon de 100 mètres autour des centres d’avortement et de planning familial. Les personnes qui enfreindraient cette interdiction s’exposeraient à une amende de plus de 5 000 dollars.
Pendant ce temps, d’autres pays n’ont toujours pas de lois pour protéger les visiteurs des cliniques. Le Royaume-Uni n’a pas réussi à créer un périmètre de sécurité autour des cliniques et, par conséquent, le nombre de manifestants anti-avortement a grimpé en flèche. Une chaîne de cliniques de santé reproductive au Royaume-Uni a déclaré que ses établissements du centre de Londres subissent la présence des manifestants anti-avortement quatre à cinq fois par semaine.
Les pressions ne s’exercent pas seulement sur les personnes qui se rendent dans les cliniques, mais aussi sur le personnel médical. En Colombie, des professionnels travaillant dans une clinique disent se faire crier dessus lorsqu’ils se rendent au travail et avoir vu leurs voitures et autres biens vandalisés. Un médecin en Colombie a déclaré à Amnesty International : « Nous devons toujours rester vigilants car les menaces ne cessent jamais. »
Mouvements soutenus par la législation anti-avortement
La législation régressive à l’égard de l’autonomie corporelle des femmes, des homme trans ou des personnes non-binaires est profondément ancrée dans les systèmes patriarcaux et dénie à ces personnes le droit de faire un choix. De plus, elle soutient la rhétorique anti-avortement et alimente d’autres types de comportements tels que le harcèlement et le jugement des personnes souhaitant avorter.
Les États-Unis traversent une période de turbulences depuis que la Cour suprême a annulé l’arrêt Roe v. Wade, la loi qui reconnaissait le droit à l’avortement, remettant ainsi en arrière la progression des droits des femmes. Le New York Times a écrit que 10 États ont interdit l’avortement dans presque toutes les circonstances, et que 10 autres États ont interdit l’avortement à différents stades de la grossesse.
Le Brésil est un autre pays qui devrait opérer un changement régressif dans sa législation. Actuellement, il n’autorise l’avortement qu’en cas de viol, d’anencéphalie et de risque de décès. Toutefois, les décideurs tentent maintenant de mettre en place une nouvelle loi selon laquelle l’avortement serait considéré comme un homicide si une survivante d’abus sexuel a recours à l’avortement après 22 semaines de grossesse, même si cette grossesse est le résultat d’un viol.
Les féministes ont protesté contre le projet de proposition de loi en affirmant que cette législation signifierait que les survivantes de viols pourraient encourir des peines plus sévères que les violeurs eux-mêmes.
Comment faire face aux manifestants anti-avortement
Que faire donc si vous êtes confrontées à des manifestants anti-avortement ?
La chose la plus importante à retenir est qu’ils essaient de contrôler les décisions des gens concernant leur propre corps. Cependant, vous devez toujours vous rappeler que vous avez le droit d’avoir vos propres convictions et de choisir ce qui est le mieux pour vous.
Essayez d’ignorer les images ou les faits qu’ils présentent ; beaucoup d’entre eux sont basés sur des idées fausses et des informations incorrectes. Ils utilisent des images extrêmes pour essayer de faire de cette procédure médicale quelque chose qui vous choquera et vous effrayera. Dans ces situations, essayez simplement de détourner le regard.
Rappelez-vous que la meilleure façon de démanteler les mouvements anti-avortement est de ne pas engager le dialogue, de ne pas réagir, de ne pas écouter et de ne pas prendre les documents qu’ils essaient de vous donner. Ce faisant, vous brisez le cycle de l’interaction avec leurs désinformations et empêchez leur idéologie d’attirer l’attention et de prendre de l’ampleur.
Chez safe2choose, nous reconnaissons que la stigmatisation, les informations inexactes et les mouvements anti-avortement peuvent rendre difficile l’obtention des informations dont vous avez besoin. C’est pourquoi nous proposons des informations sur l’avortement et des conseillères médicales qualifiées sur notre plateforme internationale en ligne, afin que vous puissiez discuter de ce qui est bon pour vous et votre corps dans un espace sécurisé.