Ne plus stigmatiser l’avortement: le rôle des médias

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Les médias ont un rôle crucial à jouer pour mettre fin à la stigmatisation de l’avortement. En formulant leur messages dans un langage stigmatisant, ils perpétuent souvent les mythes et les stéréotypes qui y contribuent.

En juin 2019, la Haute Cour du Kenya a déclaré inconstitutionnel le retrait des normes et directives pour la réduction de la morbidité et de la mortalité résultant d’avortements non médicalisés et l’interdiction des formations à l’avortement sûr pour les professionnels de la santé. Cette décision fut la bienvenue de la part de nombreux activistes du monde entier mais la célébration a toutefois été de courte durée, car les médias ont couvert l’événement de façons alarmistes et guidés par leurs opinions subjectives plutôt que par les faits de l’affaire. «“L’avortement reste illégal au Kenya” lit-on dans un titre. “Dilemme autour de l’avortement après le verdict est rendu par le juge” en a déclaré un autre. Un journal a publié un article dans lequel une femme aurait déclaré: «Après sept avortements, j’ai fait des cauchemars et je pouvais entendre les bébés pleurer pendant mon sommeil”. De tels titres sont non seulement biaisés, mais constituent également un motif propice à la stigmatisation de l’avortement.

Le Berkeley Media Studies Group observe que, dans de nombreux pays, les médias ont tendance à donner des informations partiales sur les histoires d’avortement et à traiter l’avortement comme un problème politique plutôt que de santé. En effet, ils utilisent souvent des titres alarmistes et sensationnalistes comme clickbait pour générer du trafic sans penser aux conséquences déshumanisantes. Cela ne perpétue pas seulement les mythes sur l’avortement, mais rend également difficile l’obtention d’informations factuelles, entraînant une augmentation du nombre d’avortements dangereux.

Stigmatisation de l’avortement à l’ère numérique

Selon le rapport FP2020 Catalysing Progress, l’accès à des informations exactes, actualisées et précises permettent aux femmes et aux filles de prendre des décisions à propos de leur corps en connaissance de cause, y compris sur leur santé sexuelle et reproductive. Nous vivons dans une ère numérique où l’information provient principalement d’Internet et les sites web tels que safe2choose, HowToUseAbortionPill et FindMyMethod sont d’excellentes ressources pour ceux qui recherchent des informations sur l’avortement.

Le rôle des médias numériques dans la société actuelle ne peut être minimisé. Des études telles que Using Global Media to Reach Youth: The 2002 MTV Staying Alive Campaign par YouthNet montrent que de nombreux jeunes comptent sur les plateformes numériques pour obtenir des informations sur leur santé en matière de santé sexuelle. La possibilité d’accéder anonymement aux informations et de poser des questions sur des sujets tabous rend les plates-formes numériques attrayantes pour les jeunes partout dans le monde. Il est donc important de veiller à ce que ces outils disposent d’informations précises, impartiales et à jour.

Mettre fin à la stigmatisation de l’avortement à travers les médias

Les plates-formes numériques sont excellentes, mais elles ont quelques limitations, telles que le manque de connectivité ou le coût d’achat des téléphones mobiles. Pour beaucoup, les médias grand public sont donc la principale source d’information sur les questions relatives à la santé sexuelle, y compris l’avortement.

Les médias traditionnels, tels que la presse écrite, la télévision et la radio ont le potentiel d’influencer la compréhension et les perceptions de la société concernant l’avortement, et ainsi de réduire sa stigmatisation. Il est essentiel que les défenseur·e·s prochoix travaillent en étroite collaboration avec les journalistes et les aident à comprendre les nuances du sujet, le ton, et la formulation afin d’éviter la stigmatisation.

La participation du personnel des médias à des formations, des conférences et des réunions peut aider à résoudre certains problèmes. Cependant, les acteurs prochoix doivent aussi aider les journalistes à accéder aux données – études de recherche ou mises à jour d’amendements politiques – qui pourraient les aider à approfondir leur compréhension du problème et à renforcer la qualité de leur reportages. Toutes les partie prenante des médias ont un rôle à jouer pour que l’avortement soit couvert de manière objective et dénuée de préjugés personnels.

Les médias ont le pouvoir de façonner la perception de la société sur de nombreuses questions. En ce qui concerne la de-stigmatisation de l’avortement, IPPF suggère que la cela nécessite des efforts concertés de la part des plateformes de médias numériques, des journalistes et des activistes prochoix. Il est clair et urgent que ces trois groupes travaillent ensemble pour faire en sorte que les femmes et les filles disposent des informations adéquates leur permettant de faire des choix éclairés.

Vous aussi, vous pouvez jouer un rôle dans l’élimination de la stigmatisation de l’avortement en partageant votre histoire sur notre site Web. Visitez notre page de témoignages pour partager votre histoire d’avortement.